Grand plat armorié pour le marché français. Chine, vers 1720-1725

Décoré dans la palette de la famille verte, présente les armoiries de Louis-Alexandre, comte de Toulouse : d’azur, à trois fleurs de lys d’or, au bâton de gueules péri en barre, en son centre. Les armes sont entourées des colliers des ordres de la Toison d’Or et du Saint-Esprit. Le cavetto est orné d’une frise de fers-de-lance, tandis que le bord est décoré de bouquets de pivoines ou de lotus, complétés par une bordure en or. Ce plat est le plus grand jamais enregistré.

PAYS : Chine
ÉPOQUE : Kangxi (1662-1722)
MATIÈRE : Porcelaine
TAILLE : 51,5 cm
RÉFÉRENCE : E134
STATUT : disponible
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Un plat se trouve dans la collection du Musée du Louvre. Deux très grands plats sont dans les collections du Musée des Arts Décoratifs à Paris. Deux plats plus petits sont dans une collection privée en France. Quelques pièces se trouvent aussi au château de Sceaux.

Informations supplémentaires​ :​

L’attribution actuelle au duc de Penthièvre (1725-1793), fils du comte de Toulouse (1678-1737), repose sur des principes héraldiques stricts. Ces principes stipulent que lorsque ce blason est représenté avec une seule ancre, cela indique le rang de Grand Amiral de France « en survivance » (c’est-à-dire à hériter plus tard). En revanche, deux ancres signalent le rang de Grand Amiral de France. Le duc de Penthièvre a conservé ce rang de 1734 à 1737, et la commande est communément datée de cette période.

Cependant, divers arguments invalident désormais cette attribution au duc de Penthièvre.

Deux éditions différentes de gravures du portrait du comte de Toulouse par Hyacinthe Rigaud (1708) contredisent cette règle. Dans ces éditions, il est représenté à la même époque avec les deux versions de ses armoiries (une et deux ancres). Des parallèles similaires, où la règle héraldique stricte n’est pas respectée, peuvent également être établis avec les médailles en argent.

Ces énormes plats étaient à la mode de la fin du XVIIe siècle au début du XVIIIe siècle, mais ont perdu leur popularité dans les années 1730. Ils étaient uniquement destinés à la « monstrance », exposés sur des buffets souvent avec de la vaisselle en argent, indiquant ainsi la richesse, le pouvoir, le statut social et l’autorité, à une époque où seuls les privilégiés pouvaient commander de tels objets en Chine.

De plus, cette commande est décorée dans la palette de la famille verte, avec une prédominance de rouge-de-fer, un style populaire entre 1720 et 1725 et non au cours des années 1730. La décoration globale présente une palette chromatique imitant la porcelaine japonaise Imari, avec un émail rouge-de-fer sur couverte, un bleu sur couverte et une riche dorure. La frise de fers-de-lance sur le cavetto est également typique de la fin de la période Kangxi (1662-1722).

Un autre argument en faveur de la réattribution est que le blason est entouré du col de l’Ordre du Saint-Esprit. Le duc de Penthièvre a été fait chevalier de l’Ordre du Saint-Esprit le 1er janvier 1742, soit cinq ans après la date supposée (1734-1737) de l’attribution à Antoine Lebel. Le comte de Toulouse a été fait chevalier de l’Ordre du Saint-Esprit le 2 janvier 1693, une date cohérente avec le fait que les armoiries peintes sur la porcelaine vers 1720-1725 incluent le collier de l’Ordre du Saint-Esprit.

Le comte de Toulouse a également commandé des pièces en faïence de Delft ornées ses armoiries. Ces pièces présentent aussi des armoiries portant une seule ancre et la marque PAK (pour la fabrique De Grieksche A) utilisée uniquement entre 1701 et 1722. C’est une autre preuve que la règle héraldique stricte n’a pas été appliquée de manière stricte sur la commande en porcelaine de Chine du comte de Toulouse, avec une datation incontestable de la manufacture hollandaise.

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