Plat ovale armorié chinois pour le marché irlandais / indien (Caulfeild). Chine, Daoguang

Ce plat ovale est richement décoré en émaux de la famille rose, avec au centre un blason armorié inscrit dans un médaillon vert. Les armoiries sont celles des Caulfeild : d’argent et de gueules à dix pals, au canton de gueules chargé d’un lion léopardé d’or ; timbrées d’un cimier représentant une tête de dragon arrachée de gueules, colletée d’un double filet d’argent, accompagnée de la devise latine Deo Duce, Ferro comitante (« Dieu pour guide, mon épée pour compagne »). La bordure est animée d’une scène continue représentant des personnages richement vêtus dans un jardin paysager, parmi des arbres en fleurs et des massifs fleuris. Ces figures masculines et féminines portent des robes vivement colorées — rose, vert, orange, jaune et lilas — rendues avec un émaillage raffiné et des rehauts d’or.

PAYS : Chine
ÉPOQUE : Daoguang (1821-1850), circa 1825
MATIÈRE : Porcelaine
TAILLE : 32,5 cm x 25,5 cm
RÉFÉRENCE : E694
STATUT : vendu
Œuvres en rapport :​

Voir D.S. Howard, Chinese Armorial Porcelain, 2003, vol. II, p. 676, pour une discussion de ce service, où il est précisé que Marchant & Son, Londres, a autrefois traité une partie de ce service. Une terrine provenant de ce service, passée sur le marché américain il y a une dizaine d’années, est aujourd’hui conservée au Guangzhou City Museum.

Un autre plat ovale appartient à la collection du Lowe Art Museum, Miami (inv. 2012.15.60).

Nous exprimons toute notre gratitude à Angela Howard pour les informations aimablement communiquées.

Informations supplémentaires​ :​

Les armes sont celles portées par les Caulfeild, vicomtes Charlemont, issus de Sir Toby Caulfeild, né près d’Oxford en 1565. Soldat accompli en Irlande, il y fut fait chevalier en 1603 après s’y être installé, puis nommé au Conseil de Munster en 1615, avant d’être créé baron de Charlemont en 1620. Le 5ᵉ baron fut élevé à la dignité de vicomte de Charlemont en 1665, et plusieurs branches cadettes issues du 2ᵉ vicomte pourraient, en théorie, avoir commandé ce service au XIXᵉ siècle.

Selon Angela Howard, ce service a du être commandé pour James Caulfeild (1782–1852), frère cadet du Commander Thomas Caulfeild — qui fit exécuter un service vers 1802. James Caulfeild servit sans interruption au Bengale dans les rangs militaires de la Compagnie des Indes orientales entre 1799 et 1841. Il était le fils du vénérable John Caulfeild, archidiacre de Kilmore, comté de Cavan, et le petit-fils de l’honorable Toby Caulfeild, fils cadet de William Caulfeild, 1er vicomte Charlemont. Sa mère était Euphemia Gordon.

En 1819, Caulfeild fut nommé premier assistant du résident britannique à Indore, entamant ainsi une brillante carrière au sein du service politique de la Compagnie des Indes orientales. Il fut agent politique au Haraoti (territoires de Bundi et Kotah dans l’agence du Rajputana) de 1822 à 1832, puis surintendant des princes de Mysore en 1836, avant d’être nommé résident à Lucknow en 1839. Parallèlement à ses fonctions politiques, sa carrière militaire progressa par ancienneté : capitaine en 1818, major en 1823, lieutenant-colonel en 1829 et colonel breveté en 1834 ; il fut fait Compagnon de l’Ordre du Bain (CB) en 1831. La même année, il publia Observations on our Indian Administration, Civil and Military(Calcutta, 1831). Il quitta l’Inde en congé en 1841 et n’y retourna jamais. Promu major-général en 1841 puis lieutenant-général en 1851, il fut administrateur de la Compagnie des Indes orientales entre 1848 et 1851. Il se présenta sans succès aux élections pour le siège d’Abingdon en 1845 et 1847, avant d’être élu en juillet 1852. Sa carrière parlementaire fut toutefois brève, puisqu’il mourut à Copsewood le 4 novembre 1852.

Après le décès de sa première épouse, il épousa en secondes noces, vers 1826, Anne Rachel Blake, née à Lucknow, fille d’un autre officier de l’armée des Indes — mariage qui aurait pu être l’occasion de commander ce service.

Plutôt que d’obéir à une tradition héraldique stricte, le décor de nombreux services du XIXᵉ siècle à décor dit « mandarin » suggère qu’ils furent commandés par des officiers résidant ou servant en Inde, les commandes étant passées directement depuis l’Inde plutôt que depuis la Grande-Bretagne. Vers 1800, les importations de Chine étaient frappées de droits prohibitifs atteignant 109 %, destinés à protéger les manufactures anglaises telles que Wedgwood et Worcester. En conséquence, un nombre croissant de services étaient produits localement plutôt qu’importés, solution moins coûteuse et plus rapide. Les embargos commerciaux liés aux guerres napoléoniennes limitèrent encore davantage les importations. Pour les résidents en Inde, en revanche, il demeurait beaucoup plus simple — et exempt de taxes — de commander directement en Chine.

Deux autres services sont connus portant les armes des Caulfeild.

Le premier, datant d’environ 1785, est décoré d’une couronne de comte et de la chaîne de l’ordre de Saint-Patrick ; il fut exécuté pour James Caulfeild, qui succéda à son père comme 4ᵉ vicomte Charlemont et fut créé comte en 1763.

Le second, daté vers 1802, porte les armes des Caulfeild accolées à celles des Talbot, réalisé pour le Commander Thomas Caulfeild, RN, qui épousa cette année-là Theodosia Talbot. Son père, John Caulfeild, archidiacre de Kilmore, était le cousin issu de germain de James, 1er comte de Charlemont, ce qui faisait de James et Thomas des « cousins au second degré ». Le blason de James et de Thomas est identique, avec la même devise, bien que le service de James arbore une couronne à la place du cimier, accompagnée de supports.

Des éléments tant du service de 1802 que de celui de 1825 (mais non de celui de 1785) ont été transmis ensemble dans la même branche familiale et, selon Howard (Chinese Armorial Porcelain, vol. II, p. 676), sont demeurés réunis jusqu’au XXᵉ siècle.

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