L’assiette émaillée dans la palette famille rose-verte présente de magnifiques tons pastel. Elle est finement décorée avec Dong Zhuo barbu sur la terrasse du pavillon Fengyi, gesticulant vers le soldat Lü Bu, armé d’une lance et portant un couvre-chef à plumes, aux côtés de l’élégante dame Diaochan. La scène se déroule dans un jardin avec des rochers noueux, des arbres, un tabouret de jardin et un cheval. Sur l’aile, quatre cartouches peints sont ornés de paysages.
L’histoire représentée sur cette assiette est tirée du Roman des Trois Royaumes (San guo yanyi). La dame Diaochan était l’une des quatre beautés de la Chine ancienne et était impliquée dans un complot visant à renverser le tyrannique seigneur de guerre Dong Zhuo en créant une rupture entre lui et son fils adoptif, le guerrier Lü Bu. Diaochan a utilisé sa beauté pour susciter la jalousie entre Dong Zhuo et Lü Bu.
Lorsque Dong Zhuo s’absente durant une journée, Lü Bu s’introduit clandestinement dans la chambre de Dong Zhuo, espérant apercevoir Diaochan. En découvrant sa présence, Diaochan feint la détresse et, dans un geste dramatique, prétend vouloir se suicider en se jetant dans un étang voisin. Elle évoque sa honte, allegeant d’une violation par Dong Zhuo, laissant Lü Bu dévasté. Dans une promesse fervente, Lü Bu jure de la protéger contre les souffrances infligées par Dong Zhuo. Cependant, leur moment émotionnel est interrompu par le retour de Dong Zhuo, qui les surprend en train de s’enlacer. Dans une fuite rapide, Lü Bu s’échappe, provoquant la poursuite de Dong Zhuo, qui jette une lance dans sa direction mais manque de peu sa cible. Finalement, Lü Bu tue son père adoptif.
L’émaillage de cette assiette correspond à un moment précis et bref de l’histoire des techniques de fabrication de la porcelaine, marquant la transition de la palette famille verte à la palette famille rose, entre la période Kangxi (1662-1722) et la période Yongzheng (1723-1735).
Suite à la répression des rébellions Ming en 1683, les décors des porcelaines contenant des messages politiques cachés et des allusions aux « bons vieux temps Ming » étaient mal vues, d’où la nécessité de nouvelles sources de décorations. Le « Romantique » Roman des Trois Royaumes , tout comme le Roman du Pavillon de l’Ouest , est devenu une source idéale et l’un des thèmes théâtraux et littéraires les plus populaires.
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