Informations supplémentaires :L’attribution actuelle au duc de Penthièvre (1725-1793), fils du comte de Toulouse (1678-1737), repose sur des principes héraldiques stricts. Ces principes stipulent que lorsque cet blason est représenté avec une seule ancre, cela indique le rang de Grand Amiral de France « en survivance » (c’est-à-dire à hériter plus tard). En revanche, deux ancres signalent le rang de Grand Amiral de France. Le duc de Penthièvre a conservé ce rang de 1734 à 1737, et la commande est communément datée de cette période.
Cependant, divers arguments invalident désormais cette attribution au duc de Penthièvre.
Deux éditions différentes de gravures du portrait du comte de Toulouse par Hyacinthe Rigaud (1708) contredisent cette règle. Dans ces éditions, il est représenté à la même époque avec les deux versions de ses armoiries (une et deux ancres). Des parallèles similaires, où la règle héraldique stricte n’est pas respectée, peuvent également être établis avec les médailles en argent.
Ces énormes plats étaient à la mode de la fin du XVIIe siècle au début du XVIIIe siècle, mais ont perdu leur popularité dans les années 1730. Ils étaient uniquement destinés à la « présentation », exposés sur des buffets souvent avec de la vaisselle en argent, indiquant ainsi la richesse, le pouvoir, le statut social et l’autorité, à une époque où seuls les privilégiés pouvaient commander de tels objets en Chine.
De plus, cette commande est décorée dans la palette de la famille verte, avec une prédominance de rouge-de-fer, un style plus populaire entre 1720 et 1725 qu’au cours des années 1730. La décoration globale présente une palette chromatique imitant la faïence japonaise Imari, avec un émail rouge-de-fer en surcouche et des accents dorés sur un fond bleu sous-glacé distinctif. La frise de fers-de-lance sur le cavetto est également typique de la fin de la période Kangxi (1662-1722).
Un autre argument en faveur de la réattribution est que le blason est entouré du col de l’Ordre du Saint-Esprit. Le duc de Penthièvre a été fait chevalier de l’Ordre du Saint-Esprit le 1er janvier 1742, soit cinq ans après la date supposée (1734-1737) de l’attribution à Antoine Lebel. Le comte de Toulouse a été fait chevalier de l’Ordre du Saint-Esprit le 2 janvier 1693, une date cohérente avec le fait que les armoiries peintes sur la porcelaine vers 1720-1725 incluent le collier de l’Ordre du Saint-Esprit.
Le comte de Toulouse a également commandé des pièces en terre de Delft avec ses armoiries. Ces pièces montrent les armoiries portant une seule ancre et la marque PAK (pour la fabrique De Grieksche A) utilisée entre 1701 et 1722. C’est une autre preuve que la règle héraldique stricte n’a pas été appliquée de manière cohérente.