Paire de rares figures famille verte. Chine, Kangxi

Le paire de figures est décorée dans la palette de la famille verte. L’homme porte une veste jaune brodée de grues en vol et de caractères chinois en aubergine, ainsi qu’une chemise rouge et une cravate. La figure repose contre une formation rocheuse verte sur une base rectangulaire fine. La dame arbore un capuchon vert sur ses cheveux hautement coiffés, à la Fontanges, un style très prisé à la cour de Louis XIV, roi de France. Elle porte un collier de perles et un corsage délicat à bords en dentelle, ainsi qu’une longue veste ornée de motifs floraux, attachée à la taille, drapée sur sa jupe brodée. La figurine est placée sur une base ovale. Les sculptures ont été réalisées à l’aide de moules en deux parties, un pour l’avant et un pour l’arrière des figurines, les mains étant modelées séparément et insérées dans les manches. Les bases sont non émaillées.

PAYS : Chine
ÉPOQUE : Kangxi (1662-1722)
MATIÈRE : Porcelaine
TAILLE : 23 cm
RÉFÉRENCE : E244
PROVENANCE : Collection particulière française
STATUT : vendu
Œuvres en rapport :​

La plupart de ces groupes se trouvent dans des grandes collections de musées internationaux ou dans d’importantes collections privées. Certains d’entre eux présentent des différences dans le rendu des vêtements et dans les gestes représentés.

Deux paires, provenant de la collection de Rafi et Mildred Mottahedeh, sont illustrées par William R. Sargent dans The Copeland Collection, Chinese and Japanese Ceramic Figures , au Peabody Museum de Salem, nos. 48 et 49, pp. 104/107.

Une autre paire est illustrée par Michel Beurdeley dans Porcelain of the East India Companies , fig. 74, p. 103, où l’auteur présente également deux figures de gentlemen issues de la collection Espirito Santo, à Lisbonne, planche couleur IV, p. 15 (aujourd’hui dans une collection privée sud-américaine).

Une paire, au Victoria and Albert Museum, léguée par Basil Ionides, est illustrée par Lu Zhangshen dans Passion for Porcelain, Masterpieces of Ceramics from the British Museum and the Victoria and Albert Museum , no. 28, pp. 138/139. Les figures y sont décrites comme “Madame la duchesse du Maine” et “Monsieur le comte de Toulouse”.

D’autres paires de figures se trouvent dans la collection d’Auguste le Fort (Porzellansammlung, Dresde), au Musée Adrien Dubouché (Limoges), au Musée Cernuschi (Paris) et au Musée Guimet (Paris).

Une paire de figures faisait partie de la collection Tibor et a été publiée par W.R. Sargent dans Chinese Porcelain in the Conde Collection, Mexico , 2014, cat. no. 54, p. 179.

Une dame de la collection du Duca di Martina (1829-1891) est actuellement conservée au Museo Nazionale della Ceramica (Naples).

Informations supplémentaires​ :​

Les gravures de Nicolas et Robert Bonnart (1637-1718 et 1652-1733 respectivement) représentant des figures importantes de l’époque de Louis XIV ont probablement été les sources originales, bien que certains détails aient pu être modifiés au fil du temps avec l’émergence de différents modèles. La famille Bonnart formait une dynastie particulièrement soudée à Paris, centrée autour des boutiques de L’Aigle et du Coq, réputées pour leurs gravures de mode connues sous le nom de “bonnarts”. Ces créations étaient l’œuvre de quatre frères : Nicolas I, Henri II, Robert et Jean-Baptiste. Ils se consacrèrent à la production et à la vente de gravures de 1660 à 1762 dans la rue St. Jacques à Paris, qui demeura le centre des affaires de gravure jusqu’au XIXe siècle.

Le gentleman fait généralement référence au Dauphin de France, fils de Louis XIV. Le style vestimentaire est celui de la cour française vers 1700. La figure de la dame fait typiquement allusion à “Madame de Maintenon” ou “Madame de Montespan”, maîtresses de Louis XIV.

Il existe au moins trois variations de ces figures : un modèle de dame et deux modèles de gentlemen, avec des gestes et des vêtements différents. Ces sculptures illustrent les interactions entre la Chine et l’Europe au début du XVIIIe siècle. Elles sont réalisées en porcelaine, un matériau dont les secrets de fabrication n’étaient pas connus en Europe à cette époque. Alors que de nombreuses pièces en porcelaine du XVIIe siècle représentent des figures chinoises, ces sculptures rares appartiennent à un petit groupe d’œuvres représentant certaines des premières dépections de l’Occident en porcelaine chinoise fabriquées à Jingdezhen, une tradition bien établie qui se perpétua tout au long du XVIIIe siècle.

Les peintres chinois réinterprétèrent également le modèle d’engravure français selon leur propre culture dans l’exécution de la veste du gentleman. Celle-ci est ornée dans un style chinois, comportant des caractères pseudo-chinois et un motif de grue en vol.

Bien que les importations de porcelaine de haute qualité en provenance de Chine soient restées plutôt limitées au début du XVIIIe siècle, ces sculptures rares étaient principalement destinées à l’élite, aux individus en lien avec le commerce entre la Chine et l’Europe ou étroitement liés à la royauté.

Une autre gravure des frères Bonnart a été utilisée pour décorer de la porcelaine chinoise. Notamment, il existe une série de grands plateaux bleu et blanc représentant des musiciens.

D’autres gravures des frères Bonnart illustrant les “Trois Grâces”, ainsi que “L’odorat” (du groupe des “Cinq sens”), ou “L’air” (du groupe des “Éléments”) ont également été utilisées pour décorer un modèle de garniture bleu et blanc comprenant cinq vases.

La palette de couleurs vives de ces groupes est particulièrement rare. Parmi tous les groupes enregistrés actuellement dans les musées, ils sont les seuls exemples connus à être peints avec le jaune comme couleur dominante.