Plateau ovale armorié inédit pour le marché français / irlandais (Sutton de Clonard). Chine, Qianlong

Le plateau oblong, décoré dans la palette famille rose de guirlandes de fleurs, porte les armes et le cimier de Thomas Sutton, de Wexford (Irlande), comte de Clonard en France, Or, a lion rampant double-queued gules standing on a lizard vert, surmonté d’un cimier, Issant d’une couronne ducale d’or, un demi-lion à double queue de sinople.

PAYS : Chine
ÉPOQUE : Qianlong (1735-1795), circa 1770
MATIÈRE : Porcelaine
TAILLE : 19 cm
RÉFÉRENCE : E444
STATUT : vendu
Œuvres en rapport :​

Cette commande n’était pas répertoriée pour le marché français.

Nous remercions Angela Howard pour les éléments communiqués sur cette commande franco-irlandaise.

Informations supplémentaires​ :​

Thomas, né en 1722, est demeuré aussi longtemps que possible à Wexford (Irlande), où il servait secrètement les intérêts des Stuart et du roi de France Louis XV. Il se maria avec Lady Philis Masterson de Castletown (Castletown , 1742), fille de John Masterson de Castletown, Sieur de Castletown, marié à Walsh de Drumdowng. Ils eurent onze enfants, tous nés à Wexford, entre 1744 et 1759.

Thomas Sutton s’installa définitivement en France en 1756, au début de la Guerre de Sept Ans, quittant l’Irlande avec sa flotte marchande et des volontaires pour contribuer aux combats. Il reçut des lettres patentes de noblesse de Louis XV en 1763. Ses armoiries portaient une salamandre verte, en plus du lion vert à double queue des Sutton. Il est, par sa mère, Frances Ragel of Ballyraget, parent du négociant Antoine Walsh. En 1766, Thomas Sutton acquiert la baronnie de Lugo, située entre Salles et Belin. Son frère Jean, baron de Clonard fut capitaine de vaisseau de la Compagnie des Indes orientales.

Thomas Sutton fut un riche armateur marchand et corsaire à Wexford, puis à Bordeaux, propriétaire de plantations aux Antilles, de terrains dans le bordelais, dans le Périgord et en région parisienne. Financier et spéculateur très “ choiseuliste ” et hostile à Necker, il s’affirma comme le principal financier des années 1770. Syndic de la Compagnie des Indes orientales de 1766 à 1770, sous le mandat de directeur du banquier Issac Panchaud, il en devint actionnaire et pesa pour son sauvetage après les problèmes liés à la défaite française ayant conclu la Guerre de Sept Ans. Thomas Sutton a réalisé de considérables investissements dans les expéditions « à la grosse aventure » (traite négrière) et dans les plantations esclavagistes de sa famille à Saint-Domingue. Avec son frère Jean-Baptiste, officier de la marine du roi, il conclut quatre importants contrats de 20.000 livres chacun durant l’année 1770.

Avec le banquier Issac Painchaud, il est à l’origine de la nouvelle Caisse d’escompte. Tous deux rachètent en 1777 à Abel François Poisson, le frère de la marquise de Pompadour, la verrerie du bas-Meudon, qui deviendra la Verrerie de Sèvres, et qu’ils revendent 15 mois plus tard pour 1,05 million de livres, avec une plus-value de 31 %. Il entretint des liens étroits avec de nombreux hommes politiques influents de l’époque et envoya navires et fonds en soutien à la guerre d’indépendance américaine. Il décède à Angoulême le 13 septembre 1782.

Son fils, Robert Sutton de Clonard, né en 1751 à Wexford. Promu lieutenant, il servit à bord du Glorieux sous le commandement du capitaine vicomte d’Escars durant la guerre d’indépendance américaine, prenant part à l’invasion de Tobago le 30 mai 1781. Il fut lieutenant de vaisseau pour la Compagnie des Indes orientales. Il a participé à la défense de Mahé avec Lapérouse, qu’il accompagne dans l’Expédition de la Pérouse. Il fut promu capitaine de vaisseau en , au commandement de L’Astrolabe à Botany Bay, pour remplacer Paul-Antoine-Marie Fleuriot de Langle, après la mort au combat de cet officier et celle du botaniste, physicien et météorologiste Robert de Lamanon (1752-1787) dans une île de l’archipel Tonga. Après une longue exploration du Pacifique, il disparaît en 1788 à Vanikoro dans un naufrage avec tous les membres de l’expédition. Dès 1791, Entrecasteaux lança des recherches mais il faudra attendre l’année 1826 et plusieurs décennies de rumeurs plus ou moins folles avant que l’irlandais Peter Dillon ne trouve les premières traces. Suivront de nombreuses expéditions.  On retrouvera sur le site dit de la « Faille », une fourchette portant les armoiries de Robert Sutton avec sa devise : « Fide et Fortitudine » : Loyauté et Courage.

 

Bibliographie :

Patrick Clarke de Dromantin, Les réfugiés jacobites dans la France du XVIIIe siècle. L’exode de toute une noblesse pour cause de religion, Presses universitaires de Bordeaux, Pessac, 2005, p. 397-399, 448-449.

Louis M. Cullen, The Early Modern Atlantic Economy – Irish businessman and French courtier: the career of Thomas Sutton, comte de Clonard, c. 1722–1782, 2001.

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