Tasse famille rose à décor d’un portrait d’un officiel. Chine, Qianlong

La tasse et la soucoupe sont décorées dans la palette de la famille rose. La tasse porte un seul médaillon, tandis que la soucoupe en présente quatre, disposés autour d’une réserve centrale figurant une mère et son garçon. Chacun des quatre médaillons renferme le portrait d’un officiel représenté de trois-quarts, vêtu d’une longue robe violette et du bonnet officiel auquel est fixée une plume de paon — une distinction honorifique conférée par l’empereur. Le buste s’inscrit dans un élégant cartouche ovale rocaille composé de rinceaux dorés et de bouquets fleuris.

La plume de paon portée sur les chapeaux officiels en Chine — fréquemment observée sur les portraits de mandarins Qing — servait d’insigne impérial de mérite (hualing 花翎). Elle comptait parmi les distinctions les plus prestigieuses qu’un fonctionnaire civil ou militaire pouvait recevoir.

PAYS : Chine
ÉPOQUE : Qianlong (1735-1795), circa 1775
MATIÈRE : Porcelaine
TAILLE : 12 cm
RÉFÉRENCE : E714
STATUT : vendu
Œuvres en rapport :​

Un bol à punch présentant un médaillon identique est illustré par Hervouët & Bruneau dans La Porcelaine des Compagnies des Indes à Décor Occidental, 1986, p. 32, 1.38 (la figure y est décrite comme un marchand chinois). Ce bol est également publié par David Howard dans China for the West: Chinese Porcelain and Other Decorative Arts for Export Illustrated from the Mottahedeh Collection, 1987, tome I, p. 212, no. 210.

Un exemple comparable publié, également orné de cartouches à portraits chinois réservés sur un fond café-au-lait, comprend un sucrier, son couvercle et son présentoir, ainsi qu’une grande assiette, illustrés dans Jorge Getulio Veiga, Chinese Export Porcelain in Private Brazilian Collections, Londres, 1989, pp. 94–95, pl. 66 et 67.

Un service à thé armorié chinois destiné au marché français porte le même médaillon (Magon de Saint-Élier – Magon du Bos) disposés dans la même typologie de décor.

Informations supplémentaires​ :​

Bien que les décors de mandarins se rencontrent sur la porcelaine d’exportation chinoise, les exemples exécutés avec un tel raffinement demeurent inhabituels et rares. Howard et Ayers, tout comme Hervouët et Bruneau, suggèrent qu’il pourrait s’agir d’un présent d’adieu offert par des marchands chinois à leurs partenaires commerciaux britanniques, et plus particulièrement américains, au moment de leur départ. Par ailleurs, le fauteuil et le vêtement vide pourraient également symboliser l’absence du partenaire occidental. Toutefois, un examen plus attentif du portrait chinois révèle plusieurs détails supplémentaires susceptibles d’apporter de nouveaux indices quant à l’identité du personnage représenté.

Tout d’abord, ce portrait en buste figure un dignitaire chinois vêtu d’une robe à col de fourrure et coiffé d’un bonnet bordé de fourrure. Il est inhabituel que des marchands choisissent de se représenter en tenue d’hiver, d’autant que le climat de Canton (Guangzhou) demeure relativement doux tout au long de l’année. Ensuite, le personnage porte un dan yan hua ling, c’est-à-dire une plume de paon à œil unique fixée à son bonnet. Des exemples de ces ornements de chapeau sont illustrés dans Gary Dickinson et Linda Wrigglesworth, Imperial Wardrobe, Hong Kong, 2000, pp. 112–113, pl. 94 et 95.

Conférées exclusivement par l’empereur, ces plumes de paon étaient réservées aux membres distingués de la cour. La plume à œil unique, dan yan hua ling, était attribuée aux nobles et aux fonctionnaires chinois jusqu’au sixième rang. Le personnage représenté semble donc appartenir à un haut niveau de la société et pourrait possiblement être un officier en poste ailleurs, tel que Pékin.

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