Théière famille verte en forme de bambou. Chine, Kangxi

Le corps de la théière est modelé sous la forme d’un faisceau de tiges de bambou, dont les nœuds et les cannelures sont finement rendus. Ce thème est poursuivi dans le bec verseur et l’anse, tous deux façonnés comme des tiges de bambou partiellement écorcées. Le couvercle est découpé selon la section ondulée des tiges, et son bouton de préhension figure une petite branche recourbée. Le décor peint représente des branches fleuries de prunus sur fond vert brillant, rehaussées de blanc et de brun manganèse.

PAYS : China
ÉPOQUE : Kangxi (1662-1722)
MATIÈRE : Porcelain
TAILLE : 12,5 cm x 17 cm
RÉFÉRENCE : E778
PROVENANCE : Florine Langweil (1861-1958); 26, place Saint-Georges, Paris
STATUT : vendu
Œuvres en rapport :​

Une théière similaire est conservée dans les collections du Musée Guimet (Collection Grandidier, G 2318).

Une théière similaire est illustrée par  Bill Sargent dans Treasures of Chinese Export Ceramics: From the Peabody Essex Museum, 2012, p. 177, no. 81

Informations supplémentaires​ :​

Le corps de cette théière imite un faisceau de tiges de bambou, et le motif du bambou se poursuit dans l’anse, le bec et le bouton du couvercle. Cette forme fut également populaire dans les grès de Yixing et, à son tour, ses variantes ont influencé la « caneware » (faïence imitation de canne) produite par Wedgwood. Une théière en forme de bambou illustrée dans l’ouvrage de Sir William Chambers, Designs of Chinese Buildings, Furniture, Dresses, Machines and Utensils(1757), pourrait avoir été inspirée d’une pièce de Yixing.

La qualité sculpturale de cette forme nécessitait que le corps soit moulé en deux parties, la ligne de jointure courant du côté du bec à celui de l’anse ; l’anse, le bec et le bouton étaient chacun moulés ou sculptés séparément. Cette théière a été décorée avec la gamme d’émaux translucides disponibles : aubergine, vert, jaune et noir ; ce dernier étant obtenu en recouvrant l’émail couleur encre d’une glaçure translucide.

Bien que le bambou lui-même n’ait jamais été utilisé pour fabriquer des théières ou des pots à vin, sa polyvalence le rend utile à de nombreux autres usages : les jeunes pousses sont comestibles, le vin est parfois parfumé avec les feuilles ; la pulpe sert à fabriquer du papier ; les tiges deviennent des tuyaux ou du mobilier ; les feuilles fournissent des manteaux de pluie, du chaume ou du matériau d’emballage ; et diverses parties de la plante ont des propriétés médicinales. Sa beauté confère au bambou une place privilégiée dans la poésie chinoise et, par extension, une forte valeur symbolique. Lorsque le vent souffle, le bambou se plie « en riant » ; de plus, zhu, le mot chinois pour bambou, est un homonyme d’autres termes signifiant « souhaiter », « prier » ou « annoncer ». Le bambou est un emblème de longévité, car il reste vert toute l’année et prospère même en hiver.

Florine langweil (1861-1958), marchande d’art asiatique à Paris

Florine Langweil reprit l’affaire de son mari et se spécialisa dans les domaines de l’art chinois et japonais, s’occupant depuis Paris de l’importation directe des objets d’Extrême-Orient. Elle obtint en quelques années une solide réputation au point de figurer parmi les plus grands spécialistes de l’art extrême-oriental. Son affaire prenant de l’ampleur, elle acheta une vaste maison aristocratique au 26 de la place Saint-Georges et y installa son magasin inauguré en janvier 1903. Du 9 au 13 janvier puis du 5 au 30 décembre 1911, elle organisa chez Durand-Ruel deux expositions montrant les plus belles pièces de sa collection d’art chinois. Parmi ses clients et admirateurs de sa collection, figuraient de nombreux artistes, écrivains, hommes politiques. Par leur intermédiaire, certaines pièces données à l’origine au Louvre sont aujourd’hui conservées au musée Guimet. Les grands musées tels que ceux de Boston, Hambourg, Düsseldorf ou Saint-Pétersbourg furent également ses clients. Le Vatican la consulta pour expertiser les collections de la papauté. En novembre 1913, elle se retira des affaires et fit bénéficier les musées parisiens (Louvre, musée des arts décoratifs) et alsaciens (Strasbourg, Colmar, Mulhouse) de ses collections. Elle s’installa rue de Varenne dans l’ancien hôtel de Talleyrand, s’entourant dans trois salons immenses des plus belles pièces de ses collections qu’elle avait conservées. Sous le nom de Madame Langlois pour dissimuler ses origines juives, elle se réfugia à Paris puis en Normandie près de Verneuil où elle passa les 8 derniers mois de la guerre. Ses collections restées à Paris furent mises en partie à l’abri dès 1939 dans une chambre forte de la Banque de France. Une grande partie des collections demeura rue de Varenne et fut saisie sur les ordres de Hermann Goering. En 1949, la Commission de Récupération retrouva et restitua la quasi totalité des œuvres. La santé de Florine Langweil se dégrada à partir de cette date. Ses collections furent vendues selon sa volonté à l’Hôtel Drouot en juin 1959.

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