Grand plat à décor d’un paysage lacustre. Chine, Yongzheng / Qianlong

Grand plat rond en porcelaine de Chine, décoré dans les émaux de la famille rose, la composition centrale, inscrite dans une large réserve aux contours découpés en forme de feuille de lotus, présente un paysage animé : au premier plan, un jardin ponctué de rochers émaillés turquoise et bleu, de pivoines et d’arbustes fleuris ; au centre, un petit pont en arc franchit un cours d’eau, sur lequel se tient un moine bouddhique vêtu d’une longue robe verte et bleue ; à droite, un monastère se détache sur un fond de rochers escarpés, et dans une lucarne ronde de sa façade apparaît un second moine vêtu d’une robe verte et jaune ; en arrière-plan, un pin aux branches étendues s’élève au-dessus de la scène. Le reste du bassin est laissé en blanc, tandis que l’aile est ornée d’une large bordure composée de réserves lobées à fond rose semé de motifs géométriques, agrémentées de fleurs et rinceaux polychromes, alternant avec des cartouches en forme de têtes de ruyi à décor floral.

PAYS : Chine
ÉPOQUE : Yongzheng (1723-1735)/ Qianlong (1736-1795), ca. 1735-1740
MATIÈRE : Porcelaine
TAILLE : 35,5 cm
RÉFÉRENCE : E643
STATUT : vendu
Informations supplémentaires​ :​

Le décor central de ce plat relève du style paysager narratif hérité de la peinture lettrée chinoise (shanshui,山水, « montagnes et eaux »), genre lettré qui, depuis la fin de la dynastie des Six Dynasties (Ive – Vie siècle), associe reliefs montagneux, cours d’eau, rochers et végétation dans une composition harmonieuse et équilibrée. C’est surtout sous les Tang (618-907) qu’il prend son essor, avant d’atteindre sa pleine maturité sous les Song (960-1279). Héritée de la peinture sur soie et sur papier, cette esthétique ne cherche pas à reproduire fidèlement un site réel, mais à exprimer l’harmonie et la relation idéale entre l’homme et la nature. C’est la forme majeure de la peinture pratiquée par les peintres lettrés, ou plus exactement par les lettrés qui trouvent un exutoire à leurs activités administratives, quand ils en ont, dans la pratique artistique de la peinture. La peinture « montagne et eau » servira de modèle pour penser le jardin chinois.

Dans la tradition chinoise, les montagnes comme les fleuves et les mers sont vus comme des endroits sacrés, et, pour ce qui concerne les montagnes, proches du ciel, demeure des dieux. Les montagnes mythiques, comme le mont Kunlun, séjour des immortels, sont représentées entourées d’eaux, comme des îles. C’est dans les monts et dans les fleuves que se trouvent les secrets de l’immortalité.

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