Informations supplémentaires :Julien-Louis-Marie de Robien (1733-1809) est le premier fils de Jean-Thomas de Robien, seigneur de Treulan (1701-1765), et de Hélène-Adélaïde-Josephe Eon de Carman, mariés à Saint-Malo en 1732. De cette union sont issus six garçons. Julien-Louis-Marie, comte de Robien, dit Robien de Saint-Nervin (1733-1809), seigneur de Treulan et de Kérambart est né à Treulan en Pluneret, le 16 septembre 1733.
Il fut reçu garde-marine en 1748, puis il embarqua sur l’Amphion en 1750, sur le Topaze en 1751, et sur l’Aquilon en 1752-53. Il fut enseigne de vaisseau et maréchal-des-logis des gardes-marines en 1754. Il embarqua, à nouveau, dans l’escadre de M. de Conflans en 1756-1757, puis sur la Thétis en 1758 et le Célèbre (1759). Il participa au siège de Louisbourg (Canada) en même temps que son frère Jacques. Prisonnier cinq mois en Angleterre, il fut échangé en août 1760 et commanda la compagnie des gardes-marines de Brest. En 1761, il embarqua sur le Vaillant, lorsque l’escadre reçut l’ordre de désarmer deux officiers par vaisseau. Julien de Robien fut de ce nombre et mis à la retraite le 15 janvier 1762, avec une pension de 400 livres, plus forte d’un tiers que celles des autres officiers du même grade. Il demanda à reprendre du service ou à obtenir la croix de Saint-Louis. Malgré la protection du duc de Chartres, il n’obtient pas satisfaction. Il mourut dans sa maison, 52, Grande-Rue, à Hennebont, le 26 février 1809. Il épousa à Saint-Gildas d’Auray, le 17 juin 1760, Marie-Anne de Lesquen, née le 12 mars 1734, décédée à Treulan en 1792.

Il eut plusieurs filles et deux fils, l’un mort en bas âge, le second, Paul-Julien-Malo, comte de Robien, né à Treulan en 1766, mort à Auray, en 1824. Mestre de camp de cavalerie en 1786, il fit les campagnes de la Révolution ; adjudant major au 5° Cuirassiers, le 12 pluviose an XIII, il fut rayé des cadres en 1806. Maire de Pluneret. Il épousa, en 1795, Marie Vincent.
Pierre-Louis-Achille, Chevalier de Robien dit « le Chinois » (1736-1792)
Pierre-Louis-Achille, chevalier de Robien, est né à Mériadec-Coëtsal, le 16 décembre 1736. Il passe pour avoir été, comme son frère Julien, enseigne de vaisseau de la marine royale, mais cela ne ressort nullement de l’étude de son dossier (Marine, C7 1878). Par ses relations de famille au service de la Compagnie des Indes, il séjourna à Canton de 1766 à 1777. Il obtient ainsi de s’embarquer comme subrécargue sur le Duc de Duras, avec pour capitaine Magon de Villebague. Ce poste de choix, occupé jadis par Dupleix (1724), Godeheu (1735- 1737). Duvelaer, Montigny. Damain, Michel et Hay n’était donné qu’à des agents apparentés aux dirigeants de la Compagnie. Le Duc de Duras était parti de Lorient le 15 décembre 1765, arrivé à Canton en décembre 1766 et revenu en Bretagne, le 7 juillet 1767. C’était un navire de 1.000 tonneaux, 20 canons et 205 hommes d’équipage, un des plus gros de la Compagnie. Le commandant était probablement un parent ou un allié de la famille de Robien. Nous ignorons les escales de cet indiaman français. Il est probable qu’il arriva, en mars, à Maurice (qui n’était pas encore Ile-de-France) puisque nous pouvons extraire ce passage d’une lettre de Thomas de Robien, père de Louis-Achille et Julien, à son oncle de Carman: « J’ai des nouvelles de mon chinois qui est arrivé à Maurice le 10 mars. Il n’en partira pas de si tôt. Il se portait bien et paraissait enchanté de son voyage. MM. Magon, nos chers neveux lui font mil chers (sic), mil amitiés… ».
Comme il l’avait prévu, Robien eut une situation importante à Canton. Il fut successivement secrétaire au Conseil de direction (20 décembre 1768) puis troisième subrécargue. Il le serait peut-être resté très longtemps sans la dissolution de la Compagnie des Indes (1769-1770). Décidée par le seul gouvernement français, alors que les autres compagnies étrangères restaient en place, elle diminua le prestige du commerce français vis-à-vis des autres Européens et des Chinois et détruisit la cohésion de la petite colonie française qui se divisa en deux groupes ennemis : les débris de la Compagnie des Indes et les délégués des armateurs français. Robien simplement entré au Conseil de direction en 1770 et troisième subrécargue, se trouva alors chef de comptoir, probablement le 4 mars 1771. II obtenait, à 35 ans un poste que la Compagnie des Indes n’avait jamais donné avant 45 ou 50 ans.
P.-L-A. de Robien joua également un rôle dans la livraison des « Conquêtes » de l’empereur de Chine. L’empereur Qianlong ordonna par un décret du 13 juillet 1765 que les plus belles de ses victoires fussent représentées par une série d’estampes exécutées par quatre artistes jésuites qui l’accompagnaient, les FF. J. Castiglione (1688-1715), Jean-Denis Attiret (1702-1768) (27), Ignace Sickelbart (1708- 1780), Jean Damascene (1781), et ultérieurement gravées sur cuivre en Europe. De là, elles furent dirigées sur la France par suite de pourparlers entre le R.P. Joseph-Louis Le Febvre (1706-), procureur à Paris des missionnaires de Pékin, P.-L.-A. de Robien, représentant la Compagnie des Indes, et les marchands hanistes (Co-hong) qui apportèrent à la Compagnie des Indes une participation importante aux frais de gravure. Bertin décida d’exécuter cette commande d’une façon princière et de la renvoyer avec des vases de Sèvres et des tapisseries de Beauvais. Les dessins furent remis au marquis de Marigny, directeur de l’académie royale de peinture, par M. de Mery d’Arey, directeur de la Compagnie des Indes, le 31 décembre 1766. Ch.-Nicolas Cochin (1715-1790). secrétaire historiographe de l’Académie fut chargé de l’inspection et de la direction générale de l’ouvrage.
Quoi qu’il en soit, P.-L-A. de Robien avait débarqué à Canton avec l’espoir d’y faire fortune et d’associer ses amis et ses parents à sa prospérité. Dans ce but, il emprunta de l’argent, de divers côtés, et, en particulier, à son frère Joseph, colonel du génie de Versailles. P.-L-A. de Robien quitte Canton sur le Maréchal de Broglie (capitaine Caro) entre le 10 et le 15 janvier 1777, avec deux tonneaux de bagages ce qui explique qu’il ait laissé de nombreux objets d’art asiatiques à ses descendants et qu’il passe pour avoir été à l’origine des collections de son parent le marquis Paul-Christophe de Robien (1731-1799) aujourd’hui au musée des Beaux-Arts de Rennes. Il est fort probable qu’il joua un rôle dans la commande en porcelaine de Chine de son frère Julien.
Bibliographie : Huard P., Wong Ming, Pierre‑Louis‑Achille de Robien, chevalier de Robien, dit « le Chinois » (1736‑1792), Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 1963, 70-3, pp. 269-289.