Plat famille verte décoré aux Pays-Bas avec une scène figurée. Chine, Kangxi

Au centre du plat, une scène se déroule dans un jardin en terrasse avec un prunus en fleurs et des bambous au premier plan. Un homme debout, vêtu d’une robe rouge, tient un lingot d’or dans sa main gauche. À ses pieds, un homme agenouillé à sa droite et une femme debout à sa gauche lui font un geste de remerciement.
À gauche, une femme observe la scène depuis une balustrade, tandis qu’à droite, sur une grande table, se trouvent deux sculptures représentant des figures.
À l’arrière-plan, trois vases couverts sont posés sur une étagère, dans le goût des estampes de Daniel Marot (1661–1752).

Sur l’aile, quatre cartouches en forme de pêche et de citron digité, renfermant des fleurs et des insectes, sont peints en réserve sur un fond pointillé dans les émaux de la famille verte. Cette bordure a probablement été peinte en Chine. Le décor peint sur le bassin, émaillé dans la palette de la famille verte avec des rehauts d’émaux jaunes et bleus sur couverte, a été appliqué aux Pays-Bas.

PAYS : Chine
ÉPOQUE : Kangxi (1662-1722)
MATIÈRE : Porcelaine
TAILLE : 31,5 cm
RÉFÉRENCE : E676
PROVENANCE : From a French private collection
STATUT : vendu
Informations supplémentaires​ :​

La scène représentée sur ce plat illustre probablement l’histoire chinoise du Magistrat et du Couple Bienveillant. Dans un petit village entouré de collines vivait un humble couple, Mei et Lian, connu pour sa bonté et sa compassion. Pendant une dure famine hivernale, ils partagèrent leur dernière nourriture avec un vieux couple incapable de subvenir à ses besoins. Sans qu’ils le sachent, un magistrat sage, Li, déguisé en marchand itinérant, observa leur générosité. Profondément ému, il revint plus tard vêtu de son habit officiel, rassembla les villageois et loua Mei et Lian pour leur vertu et leur altruisme. Il leur remit ensuite une bourse de soie remplie de lingots d’or (yuanbao), symboles de prospérité et de bonne fortune, en récompense de leur conduite exemplaire.

Dans certaines versions, c’est le magistrat lui-même qui met le couple à l’épreuve, cherchant à mesurer la pureté de leur cœur avant de leur offrir son aide ou une récompense. Cette histoire apparaît dans des compilations morales illustrées publiées au XVIIᵉ siècle (Bao Lian Deng, Yuanfeng Leizuan).

Le modèle exact ayant servi d’inspiration n’a pas été identifié, mais il pourrait provenir d’une porcelaine chinoise aujourd’hui perdue ou non répertoriée. La scène représentée ici a peut-être également été peinte à partir des décors de plusieurs porcelaines, dont les éléments auraient été assemblés pour former une seule composition.

Ce plat s’inscrit dans le courant stylistique de la chinoiserie, qui reflète la fascination européenne pour l’art, les motifs et les objets venus de Chine — et, plus largement, d’Asie orientale. Le mouvement émerge à la fin du XVIIᵉ siècle, lorsque les compagnies maritimes européennes (VOC, EIC et la Compagnie française des Indes orientales) commencent à importer de grandes quantités de porcelaines chinoises.

Ces porcelaines inspirent un imaginaire exotique dans lequel la Chine est perçue comme un empire raffiné, paisible et ordonné — une vision idéalisée et souvent fantaisiste. Les œuvres d’art asiatiques, d’abord collectionnées comme curiosités, deviennent rapidement des éléments décoratifs copiés ou réinterprétés par les artistes et artisans européens. La chinoiserie n’était pas une imitation fidèle, mais une invention décorative occidentale inspirée de modèles orientaux.

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