GALERIE NICOLAS FOURNERY

Service à thé inédit en porcelaine de Chine pour le marché Français. Qianlong

Le service à thé est peint dans les émaux de la famille rose, décoré de grandes armes, celles de Denis Bossinot de Pomphily, capitaine de la Compagnie des Indes, d’azur à trois grenouilles d’or (ici d’argent), et des jetés de fleurs d’une grande qualité, pointant un personnage de haut rang.

Sans doute l’un des services à thé les plus complets destinés au marché français connus aujourd’hui, accentuant sa rareté, il comprend une théière, un sucrier et douze tasses et sous-tasses.

Origine :
Chine
Époque :
Qianlong (1735-1795), ca. 1755
Matière :
Porcelaine
Référence :
D082b
Statut :
vendu

Provenance

Propriété bretonne, descendance Bossinot de Pomphily - Trublet de la Villejégu (mariage de 1806)

Oeuvres en rapport

Une coupe, provenant d’un second service plus tardif, aux armes d’alliance de Denis Bossinot de Pomphily et son épouse, Anne-Thérèse Trublet de Montigny, est illustrée dans l’ouvrage Armoiries françaises et suisses sur la porcelaine de Chine au XVIIIe siècle (2008, p. 258)

L’absence d’armoiries d’alliance semble indiquer que le service de Denis Bossinot de Pomphily a été commandé avant son mariage en 1766. L’anse et le bec verseur sont dans le style des porcelaines de Meissen, un style influençant la porcelaine de Chine entre 1750 et 1770. La finesse du décor de frise de fers-de-lance, les fleurs et les grandes armes indiquent un décor que l’on peut dater des années 1750-1760.

En outre, une source atteste que Denis Bossinot de Pomphily possédait un esclave ramené de la côte de Coromandel et qu’il fit baptisé en 1753. Il est donc fort probable qu’il soit parti en Chine bien avant son premier appointement officiel en tant que premier capitaine sur la Gracieuse, en 1759/1760.Tous ces éléments réunis et concordants pourraient par conséquent nous laisser émettre l’hypothèse d’une commande de ce service en Chine au début des années 1750.

Bibliographie : 

-« Saint-Malo, 2000 ans d’histoire« , de Gilles FOUCQUERON; Saint-Malo, 1999, tome 1, p. 168.

-H. du HALGOUET,  » Relations maritimes de la Bretagne et de la Chine au XVIIIe siècle, lettres de Canton« , Mémoires de la société d’histoire et d’archéologie de Bretagne.

-G. PAINTER, Chateaubriand, une biographie. Les orages désirés, 1768-1793, Paris, Gallimard, 1979, p. 315.

-P. PARIS-JALLOBERT, Anciens registres paroissiaux de Bretagne, Saint-Malo, t. 1, p. 113.

-Société d’histoire et d’archéologie de l’arrondissement de Saint-Malo, 1982, p. 181.

-Archives municipales de Saint-Malo, D7, fol° 240.

Notice

La famille Bossinot semble s’être installée à la toute fin du XVIe siècle à Saint-Malo, à l’époque de Denis Bossinot, né vers 1590. Elle est originaire de la Basse-Loire (Grand-Lieu). En 1682, quatre marchands portent ce nom à Saint-Malo, ainsi que des corsaires et plusieurs députés aux États de Bretagne au XVIIIe siècle. Une rue de Saint-Malo (extra-muros) porte le nom de Bossinot-Pomphily.

Les armes de la famille Bossinot sont d’azur à trois grenouilles d’or, mais Louis Bossinot (1641-1705), sieur de la Fontaine, grand-père de Denis Bossinot de Pomphily, portait d’azur à une fontaine jaillissante d’argent dans le bassin de laquelle sort trois grenouilles de sinople.

L’un de ses oncles paternels, Louis Bossinot (1685-1773), négociant, a été en affaires avec Jean-Baptiste Garnier du Fougeray, éminente figure de Saint-Malo, puisqu’ils apparaissent ensemble sur un acte conservé aux Archives Nationales[1].

Son père, Denis Bossinot de Vauvert (1689-1744), est procureur au siège de l’Amirauté de Saint-Malo. Cette charge avait pour but de représenter l’État dans l’évaluations des cargaisons des navires au retour de leurs voyages.

Il épouse en 1724, Anne Thérèse Gaillard, demoiselle de Pomphily. Le frère aîné de Denis Bossinot de Pomphily, Michel (né en 1724), était avocat et procureur au siège de l’Amirauté à Saint-Malo, comme son père.

Denis Bossinot (de Pomphily) est issu d’une fraterie de neuf enfants :

Michel Guillaume Bossinot, Sieur de la Belle-Issue , avocat et procureur au siège de l’Amirauté à Saint Malo, conseiller du Roi

Denis Bossinot de Pomphily, né en 1725

Anne-Thérèse Bossinot 1726-1749

 

Pierre Bossinot, Sieur de la Belle-Issue 1728-

Marie Bossinot 1729-1778

Georges Bossinot 1731-1731

Jean-Joseph Bossinot 1733-1740

Charles Georges Bossinot 1734-

Julienne Catherine Bossinot 1738-

Denis Bossinot (1725-1794)

Il épouse Anne Thérèse Gaillard en 1766 à Lorient. Il est chevalier de Saint-Louis, et capitaine de la Compagnie des Indes.

Il eut trois enfants :

-Louis, né en 1771

-Michel, né en 1773

-Joseph, né en 1777 à Saint-Malo, il se marie avec Elisabeth Trublet de la Villejegu en 1806. Elle est la fille de Jacques Trublet de la Villejégu (1747-1829) et la petite fille de Michel Trublet de la Villejegu, capitaine de la Compagnie des Indes, dont notre galerie à présenter dernièrement une théière de son service à thé. Ils n’ont eu qu’un fils, Victor Bossinot (1807-1877), propriétaire de la Malouinière de l’Ormerie à Paramé[2].

Denis Bossinot de Pomphily fut 1er capitaine sur la Gracieuse (1759-1760), 1er capitaine sur le Bertin (1761), 1er lieutenant sur le Duc de Choiseul (1762-1764), puis capitaine de nouveau sur la Gracieuse(1764-1765), et enfin capitaine sur le Duc de Duras (1767-1769), le retour de son dernier embarquement correspondant à l’année où le monopole de la Compagnie des Indes prend fin.

Selon Armoiries Françaises et Suisses sur la Porcelaine de Chine au XVIIIe siècle[3], Denis Bossinot de Pomphily était considéré par la Compagnie des Indes comme un ‘très bon et excellent sujet à tous égards, brave, de détail et propre aux grandes choses bien que grand pacotilleur’.

Il fut décoré de la croix de Saint-Louis le 2 avril 1784 par son cousin et voisin de la rue d’Orléans, Jacques Pierre Guillaume Buisson de La Vigne (1713-1793). Ce dernier était directeur des armements et commandant en chef du port de Lorient après en avoir été capitaine. Il était le fils d’un ancien directeur du comptoir de la Compagnie des Indes de Saint-Malo avant 1719 à Pondichéry qui fit carrière dans la nouvelle compagnie de Law. Il y eut donc un rôle prépondérant dans le recrutement des officiers de la Compagnie des Indes, y faisant entrer ses propres fils, mais aussi son jeune frère et un cousin, Denis Bossinot de Pomphily.

Denis Bossinot apparaît dans un état du commerce à Canton en 1785[4]. Il fut aussi officier municipal à Saint-Malo en 1791-1792. Il fait don de sa pension d’officier de la Compagnie des Indes en 1794 à Port-Malo. Denis Bossinot meurt à 69 ans le 10 novembre 1794 à son hôtel familial de la rue d’Orléans, alors rebaptisée rue de la République. Le Musée historique du Château Ramezay de Montréal conserve un portrait anonyme attribué à Denis Bossinot, mais ce musée n’a pu nous renseigner plus précisément sur la provenance de ce portrait et son attribution. Le style des vêtements et la présence de ce tableau au Canada indiquerait plutôt une attribution à Denis Bossinot de Vauvert, qui dut faire probablement des armements vers Terre-Neuve et le Canada.

Demeures de la famille Bossinot : 

Denis Bossinot (de Vauvert), fait construire la Malouinière de L’Ormerie (actuellement 4 boulevard de Rochebonne à Paramé). Cette demeure dominait autrefois par sa splendeur le sommet des Masses.

Denis Bossinot de Vauvert fait aussi construire la demeure de villégiature de la famille, le manoir de la Belle Issue à Dinard, une des premières demeures de plaisance de la ville. Son style d’une sobre élégance traduit l’influence des ingénieurs du Roi qui agrandissent la ville de Saint-Malo à la même période.

A quelques mètres du prieuré de Dinard fondé au XIVe siècle, les jardins du manoir de la Belle Issue dominaient un paysage grandiose d’où l’on pouvait observer à la fois la rive droite de la Rance avec la cité antique d’Alet et la ville intra-muros de Saint-Malo, et la rive gauche avec toute la côte est de Dinard jusqu’à la pointe du Moulinet.

[1] FOL-FM-16997

[2] Eric Rondel, Chronique d’Eméraude, 1850-1865, pp. 132, 150, 155

[3] Antoine Lebel, 2009, p. 258

[4] COL C1 15 folios 67-70

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