GALERIE NICOLAS FOURNERY

Tasse armoriée inédite pour le marché français (comte de Goüyon). Qianlong

Décorée dans les émaux de la famille rose, avec des guirlandes de fleurs enrubannées, et au centre un écu de forme rocaille avec les armes des Goüyon (Goyon), D’argent au lion de gueules couronné d’or. L’écu est timbré d’une couronne comtale et encadré par deux étendards, l’un aux armes des Goüyon, le second aux armes de la maison de Rieux, D’azur, à dix besants d’or (ici neuf). La maison de Rieux, dont descendent les Goüyon, est une des plus anciennes familles bretonnes, issue d’Alain Ier de Bretagne, dit le Grand, roi de Bretagne à la fin du IXe siècle.

La commande est attribuée au comte François Jean Servais de Goüyon (1756-1808), lieutenant de vaisseau.

Origine :
Chine
Époque :
Qianlong (1736-1795), ca. 1780
Matière :
Porcelaine
Taille :
4.72 in. (12 cm)
Référence :
D890
Statut :
vendu

Notice

La famille de Gouyon (ou Goyon / Goüyon) est connue depuis le Xe siècle comme l’une des plus chevaleresques de Bretagne. Elle a fait de nombreuses branches et s’est alliée à presque toutes les premières familles de la noblesse bretonne. Un Gouyon figurait déjà au fameux combat des Trente (1351).

François Servais de Gouyon est reçu capitaine à Saint-Malo en 1739, puis, entré dans la Compagnie des Indes, il y est promu lieutenant en 1747, et capitaine en 1752. Les avantages dans cette compagnie  y notamment étaient importants ;  ses officiers étaient mieux rétribués que les marins navigants pour des armateurs privés et un officier de la compagnie avait des facilités à y faire entrer des parents (Servan Gouyon y a placé deux fils, et sans doute recommandé son cousin François).

François Jean Servais de Gouyon, né à Saint-Servan le 4 juillet 1756, fils de François Servais de Gouyon de Saint Loyal et de Françoise Lefebvre, entra très tôt dans la marine royale, à l’age de 11 ans. Il est embarqué comme garde-marine à bord du vaisseau du roi  » l’Union « . Ce vaisseau de 64 canons et armé par 450 hommes d’équipage est alors commandé par le comte Haudeneau de Breugnon, capitaine de Vaisseau. Accompagné de  » la Sincère  » commandée le comte de Durfort, capitaine de Frégate, et la chaloupe canonnière  » la Lunette  » commandée par M. de Kersaint enseigne de vaisseau, ces vaisseaux sont envoyés par le roi en ambassade extraordinaire vers l’empereur du Maroc. Le comte de Breugnon y signera un traité avantageux pour la France avec le pacha du Maroc le 28 mai 1767.

En 1774, les colonies anglaises d’Amérique se soulevèrent contre la métropole. Le congrès de Philadelphie proclama l’indépendance des États-Unis d’Amérique, que la France reconnut en 1778. Louis XVI, déclara la guerre à l’Angleterre. La guerre d’indépendance américaine fournit de nombreuses occasions de servir dans la marine royale. Cette guerre faite par les  » patriotes  » contre l’armée anglaise leur a valu l’alliance de la France en 1778. Cependant dès 1777 partaient de France des volontaires français conduits par La Fayette puis en 1780, l’intervention d’une division française conduite par Rochambeau aidèrent à la défaite des Anglais. Des familles habituées à la marine marchande en tirèrent profit. Ainsi François Jean Servais Gouyon, fils orphelin de François Servais – officier de la Compagnie des Indes – a fait  » toutte cette guerre…. en qualité d’officier auxiliaire et par sa bravoure a Meritté le brevet de lieutenant de fregatte « .

Il épouse à la chapelle de Launay-Morel, le 7 juillet 1785, Adélaïde Renée du Boisbaudry, fille de Jean baptiste du Boisbaudry, seigneur de Launay-Morel et de Renée Lefebvre. Par ce mariage, Adélaïde Renée du Boisbaudry transmet la seigneurie de Launay-Morel dans cette nouvelle famille.

Jean Servais de Gouyon émigra en 1791 et fit partie de l’armée des princes, compagnie des bretons, puis au licenciement de cette armée, il se réfugia à Jersey. En 1794, le gouvernement anglais va former des compagnies nobles à Jersey, deux corps d’armées sous les commandements du prince de Léon, la compagnie commandée par le prince de Léon rassemblant tous les gentilshommes bretons. Les émigrés anciens officiers allaient servir de cadres aux troupes nouvelles. En avril 1795, 232 volontaires se présentent pour servir sous les ordres du prince de Léon, parmi eux on relève le nom de Gouyon de Vaucouleurs, 34 ans, lieutenant de vaisseau, entré au service en 1778, ainsi que les deux frères Mériadec Prudent Gouyon de Saint-Loyal, âgé de 25 ans, et Gabriel Jean Gouyon de Saint-Loyal âgé de 21 ans, tous les deux élèves de marine entrés au service en 1789, qui sont ses cousins.

En 1802, après la défaite des Anglais et le traité d’Amiens, François Jean Servais ne rentre pas en France, étant sur la liste de proscription dressée par Fouché, il est resté au service des princes qui lui procuraient les ressources nécessaires pour assurer la subsistance de sa nombreuse famille. Armand de Chateaubriand accompagné de Bertin et Richard furent compris dans cette mesure de proscription et durent s’exiler à Londres, ce qu’ils ne firent que contraints et forcés, sur l’ordre formel du général Gordon, gouverneur de Jersey. Ils y retrouvèrent Gouyon de Vaucouleurs lui aussi privé de sa famille et ruiné par la révolution.

Prigent, l’agent des Princes, originaire de Saint-Malo, accompagné de Blanchart faisait de fréquents voyages maintenant les contacts entre les Princes, les royalistes bretons et parisiens. L’activité de ces deux hommes éveilla les soupçons de la police de Fouché qui était persuadé qu’une insurrection royaliste se préparait. Fouché soupçonnant Puisaye d’en être le chef. Le 30 mars 1808, Réal écrivait à Fouché :  » Il me paraît hors de doute que les communications des Iles de Jersey et Guernesey se sont constamment maintenues par la voie de Saint-Malo… « . La police s’attendait à de graves évènements. A cette époque, le ministre de la police adressait à l’empereur un rapport circonstancié dont voici le résumé :  » Il y a un plan d’insurrection générale organisé par Puisaye dont les principaux complices son Bouchard, Deschamps, Guignette, Jean Leclerc, Launay Botrel, Gouyon de Vaucouleurs « .

Le 10 janvier 1808, partait de Jersey un côtre, remarquable voilier, armé en course, portant dix canons, et monté par trente hommes d’équipage. Il s’appelait le Drack, capitaine Ferrès. Le Drack, amenait, dissimulés parmi les corsaires, cinq émigrés, tous les cinq émissaires du comte de Puisaye.  Parmi eux se trouvait Jean Servais Gouyon de Vaucouleurs. Il s’agissait de rétablir, en France, les comités royalistes analogues à ceux de 1797, en commençant par Rennes. Fouché organise donc un guet-apens dont le comte de Gouyon devait être la victime. Il fut arrêté et conduit à Rennes. Le 9 juillet, Gouyon s’adressa à une de ses parentes, Madame Goüyon de Matignon, demoiselle d’honneur de l’Impératrice. Celle-ci, le 14 juillet, écrivit à Fouché :  » … Le rapport de l’affaire qui l’a fait arrêter sera sans doute de votre attribution. J’ose espérer que vous voudrez bien le rendre le plus favorable possible, et qu’il vous devra l’adoucissement de son sort ». Le 3 octobre 1808, il fut condamné à mort et conduit au champ de Mars de Rennes pour y être exécuté.

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